En mémoire de Stewart Charles Whitman
En mémoire de Stewart Charles Whitman, un scientifique inspiré, décédé beaucoup trop jeune
Un soir de février 2007, sur les sentiers du Parc Gatineau près d’Ottawa, quatre jeunes skieurs, qui sortaient ensemble régulièrement, faisaient du ski de fond au Lac Meech. Stewart Whitman, un fervent skieur, joggeur et cycliste, était une de ses personnes. Il est tombé au courant de cette soirée, ce qui a entrainé des maux de dos, et ainsi une visite à l’hôpital. Suite aux radiographies, les premiers symptômes d’une tumeur agressive rare d’origine cellulaire neuroendocrine ont été observés : nouvelles tristes dont Stew a éventuellement surmontées grâce à son unique courage. Il s’est battu contre cette maladie avec optimisme et détermination pour quasiment trois ans. Tout au long, il a continué son travail avec passion et encourageait ses étudiants ainsi que ses collaborateurs à poursuivre leurs expérimentations. Stew est décédé à l’âge de 45 ans le vendredi 19 février 2010, laissant derrière lui sa femme Dana et ses deux filles, McKenzie (13 ans) et Grace (10 ans).
Stewart Whitman a un Baccalauréat en microbiologie et immunologie de l’Université de Western Ontario. Étant élevé en campagne, il y retournait quelques fois et s’était démarré une entreprise en aménagement paysagiste. La nature fut une grande inspiration tout au long de sa vie; il l’incarna avec la réalisation de nombreux mais uniques aménagements pour la méditation dans sa propre court arrière. Conséquemment, il a planté plusieurs arbres et mis en place des jardins de fleurs, petits sentiers et bancs pour que sa famille et ses amis puissent en bénéficier au court les prochaines années.
Après quelques années en tant que paysagiste, Stewart désirait changer de carrière. Il est donc retourné à l’Université de Western Ontario pour compléter une maitrise en anatomie aux côtés du Dr. Kem Rogers, et ensuite son doctorat en biochimie, en 1997 avec le Dr. Murray Huff. Il excellait et était un leader auprès de ses pairs de 2e cycle grâce à la publication de plusieurs manuscrits. Son travail a été récompensé par l’obtention de bourses de la Fondation des maladies du cœur du Canada ainsi que par le Conseil de recherches médicales du Canada. Stewart était le premier à établir que les restants de lipoprotéines, particulièrement suite à une modification oxidative, accroissent la formation de cellules spumeuses de macrophage, un facteur critique à l’athérogenèse. Il a ensuite entrepris ses études postdoctorales à l’Université du Kentucky à Lexington sous la supervision du Dr. Alan Daugherty, appuyé par des bourses de la Fondation des maladies du coeur du Canada et l’American Heart Association. L’arrivée de Stew coïncidait avec l’arrivée d’Alan à l’Université, faisant en sorte que ses débuts postdoctoraux furent très… chaotiques! Ses premières tâches furent de vider des boites et assembler des instruments pour ainsi travailler dans un laboratoire fonctionnel. Malgré ce début désordonné, Stew a su prospérer avec créativité et brio, mettant en marche des expériences méticuleusement conçues, exécutées et documentées. Il avait 12 publications à son appui durant son postdoctorat, comprenant des manuscrits compréhensifs, souvent référés, basés sur le rôle de l’interféron en athérosclérose. Malgré sa tenue toujours professionnelle, Stew était réputé pour son sens de l’humour. Lorsqu’il est retourné dans son pays natal pour enfin débuter sa carrière, ses collègues de l’Université du Kentucky se sont énormément ennuyés de lui.
Stewart Whitman a eu son titre de scientifique en 2001 par l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, où il s’est associé avec les membres du Groupe de recherche sur les lipoprotéines et l’athérosclérose ainsi que le Groupe de biologie vasculaire. Son poste de professeur adjoint au département de pathologie et de médecine laboratoire lui a permis de profiter de l’expertise et du support du pathologiste principal. Il a rapidement obtenu des subventions de la Fondation des maladies du cœur de l’Ontario, des Instituts de recherche en santé du Canada ainsi que plusieurs prix personnels, dont le prix de recherche Great West Life & London Life de la Fondation des maladies du cœur du Canada, le prix de jeune chercheur du gouvernement de l’Ontario ainsi que le prix de chercheur junior de Pfizer Canada. Grâce à ce succès, il a été promu comme professeur agrégé en 2007.
L’organisation de son laboratoire était très unique et inventive; il savait comment étirer l’argent de ses subventions. Il se munissait d’équipements scientifiques usagés achetés sur eBay et payait via PayPal pour éviter toute confusion avec le département de comptabilité. Son laboratoire fut vite mis sur pied et plusieurs colonies de souries génétiquement modifiées peuplaient le vivarium animal. C’est alors qu’il a commencé à être connu au sein de la communauté scientifique. Son ouverture d’esprit collaborative a aidé plusieurs collègues des communautés de recherche nationales et d’Ottawa. Ils apportaient leurs échantillons à Stew afin d’exploiter ses habilités uniques en analyse d’histopathologie, particulièrement l’étude des premiers stades de l’athérosclérose. Il était alors évident qu’un laboratoire spécialisé en analyse d’athérosclérose et autres pathologies cardiovasculaires était essentiel. Supporté par l’ICUO, Stew s’est résolu à utiliser l’équipement qu’il avait reçu de la Fondation canadienne pour l’innovation pour établir le Laboratoire principal d’histopathologie. Le laboratoire est spécialisé en analyse de spécimens dotés de pathologies cardiovasculaires et disponible aux scientifiques des communautés médicales d’Ottawa. En 2008, en reconnaissance de ses contributions et de son apport qui ont rendu ce laboratoire si indispensable, ce dernier lui a été déduit, subséquemment nommé le Laboratoire principal d’histopathologie Stewart Whitman.
Stew était un scientifique intègre, honnête et honorable; il savait inspirer ses étudiants qui l’ont soutenu tout au long de sa maladie. Le courage démontré par Stew par son dévouement à son travail, ses étudiants et collaborateurs, et ce durant ses dernières 3 années les plus dures, fut une grande motivation pour son entourage. Lors de sa dernière année, il a fait une demande de subvention pour un projet intitulé « Defining the mechanism(s) by which the cellular inhibitor of apoptosis protein 2 (cIAP2) contributes to early stage atherosclerosis development ». Ce projet est maintenant financé pour 5 ans par l’IRSC, totalisant 667 629$, ce qui est très impressionnant prenant compte les restrictions de financement pour la recherche. Lorsqu’on complimentait Stew sur ce prix, il répondait « Merci, c’était mon projet de recherche le plus sexy ». Ce projet est effectivement très intéressant. En espérant qu’un nouveau chercheur principal le prenne en main bientôt pour ainsi continuer les idées de Stew.
Tel qu’indiqué par un de ses collaborateurs, « le monde a perdu un scientifique brillant et dédié ». Ses collègues de l’Institut cardiologique s’assureront que le travail déjà entrepris par Stew soit terminé et publié. Ils organiseront aussi un Symposium sur l’athérosclérose nommé après lui, afin de réunir les scientifiques canadiens et américains qui partagent les mêmes intérêts.
Yves Marcel, Heidi McBride, Ross Milne, Murray Huff et Alan Daugherty
De la part des scientifiques et amis de Stewart